Il faudrait peut-être que je m’arrête.
A vingt kilomètres sur l’aire de Carmoran.
Car au volant, il ne faut pas qu’on s’entête.
A vouloir à tout prix, tracer devant.
La route est longue quand vient la fatigue
Et dans le trafic , il y a plein de cons.
La lutte pour les places, c’est toujours dans les files.
Que ça se joue, mais attention!
Je roule tranquille, je suis à l’Ouest
Au sens propre, sur la carte routière
Pas de GPS pour trouver Brest
Au bout du bout, c’est le Finistère.
Dans la forêt mystique, cent tonnes de granit
Basculent sous la poussée d’un ado ébahi.
La rivière d’argent porte un nom fantastique.
Huelgoat surprit ta glotte quand tu le dis.
Prendre le large sur l’ile aux cormorans
Où ces oiseaux plongent et nagent sous les vagues
Puis sèchent leurs ailes ouvertes aux quatre vents
Epouvantails en quête de décollage
Sortie tout droit de mon imaginaire
Je brûle de cette chimère et pourtant
Bien des endroits sont légendaires
Mystérieuse et mythique Ouessant
D’autres noms sont calamiteux
Torrey Canyon, Amoco Cadiz
La marée était noire jusqu’à St Brieuc
Un tel scénar pourrait se reproduire
Alors sans relâche on traque l’imprudent
Les radars surveillent l’armada incessante
Mais des bateaux-poubelle dégazent impunément
La guerre pour le fric semble plus importante
Souvent des idées, dans ma tête s’impriment
Tout en marchant ou en conduisant
Très vite, il faut que je les consigne
Sur un bout de papier sinon elles foutent le camp
C’est ce qu’on appelle l’inspiration
Les mots en vrac deviennent alexandrins
Couplets, refrain, le style et le ton
Et pour la musique, on verra ça demain
Le voyage est lourd et il s’éternise
Le flot des bagnoles à toute berzingue me tue
Au sens figuré, cette fois, je précise
Une chanson est née, elle n’était pas prévue
Bien installé, ce soir avec une St Erwan
Je la fignolerai tout en la fredonnant
Puis je l’écrirai à l’encre Waterman
Dans mon carnet en cuir Rose des vents.
(Téachel – Plounevez-Moedec – mai 2021)