C’est un jour de novembre
Que finit la boucherie
Mais toujours en novembre
La même cérémonie
Ravivant de ces cendres
Toute cette ignominie
Cultivant la mémoire
Depuis des décennies
Au nom de l’histoire
Encense cette hérésie
Tous ces millions de morts
Rien que pour la patrie
Portent un nom qu’on honore
A titre posthume inscrit
Et si demain la guerre
Faute de combattants
Décidait de n’plus faire
Plaisir aux présidents
C’est un jour de novembre
Que sonna le tocsin
Comme toujours en novembre
Vers onze heures du matin
Le clairon de la honte
Accompagne sans fin
La liste de l’hécatombe
Citée par un gamin
Comble de l’horreur
Des élèves du primaire
Répètent bien en chœur
En hommage à la guerre:
« Mort au champ d’honneur »
Triste symbiose ,amère
Et si demain la guerre
Faute de postulants
Se décidait à faire
La nique aux monuments
C’est un jour de novembre
Que cessa le carnage
Et ce jour de novembre
Ce conflit d’un autre âge
S’acheva sans faire rendre
Les armes au vieil adage :
« Si tu veux vivre en paix
Prépare- toi à la guerre »
Quatre vingt ans après
Subsiste la barbarie
Pas de quoi être fier
Car encore aujourd’hui
Celle que Georges préfère
Fait encore des petits
Et si demain la guerre
Faute de figurants
Refusait de refaire
Les horreurs d’antan
C’est un jour de novembre
Que flotta l’étendard
En ce jour de novembre
On fête la victoire
Surtout ne pas se rendre
Et tenir à tout prix
Mourir pour la gloire
Mais quelle connerie !
Jamais oh ! non jamais
Comme tous ces pauvres types
Sur le front je n’irai
Me faire trouer les tripes
Croix de bois, croix de guerre
Merci pour le casse-pipe
Mais aujourd’hui la guerre
Se porte toujours bien
Verdun, c’était l’enfer
Çà n’a servi à rien
Téachel (Novembre 1998)