J’ vais vous parler d’un temps
Qui ne reviendra pas
Tous bossaient quasiment à l’usine
Nous autres les gamins
On avait b’soin de rien
Du pain , d’la ficelle, une grenadine
Nos mamans s’échinaient
Aux lavoirs du quartier
Reprisaient et rapiéçaient les bleus
De nos pères occupés à gratter au jardin
Et nourrir les poules et les lapins
A quatre heures du matin
Ils partaient turbiner
Dans la boîte du patron qui payait
La crèche et la cantine, le car et le loyer
La Sainte Cath’rine et le premier mai
Mais eux , il s’en foutaient
Dès qu’ finirait la s’maine
Juste après les heures sup’ du sam’di
Rangée la salopette
Un pet’tit coup d’gant d’toilette
Ils fil’raient vite en douce au bistrot…………. pour faire
Refrain
La bringue, la bringue, la bringue, c’est plein de souvenirs
Ca rend mélancolique
La bringue, la bringue et la guinche
Au dancing chez Lutique
Les cow-boys, les indiens
Se sont réconciliés
On a enterré la hache de guerre
Les gosses, on a grandi
Délaissés les lance-pierres
On ne boit plus guère de grenadine
Désertées les fontaines
Plus d’engelures aux doigts
Nos mères lavent nos fringues à la machine
Tous en chemises blanches dans la quatre chevaux
On partait en virée le dimanche.
On gagnait deux trois sous
En s’essayant aux quilles
Pour prouver qu’on était dev’nus grands
Le soir si on rentrait avec un peu d ‘monnaie
On se faisait quand même enguirlander
Mais nous, on s’en tapait
Du haut de nos seize ans
Nous voulions jouer les cadors au bar
Faire l’malin d’vant les filles
On s’est pas dégonflés
On a poussé la porte du troquet ……….très fiers !
Refrain
La bringue, la bringue, la bringue, c’est des drôles souv’nirs
C’est une tranche de vie
La bringue, la bringue, la bringue
Et des regrets aussi
En franchissant le cap
De bonne adolescence
Notre enfance s’est mise en sourdine
On roule des mécaniques
On est cons comme des manches
Fini l’ kéfir , la grenadine
Nous on avait d’ la veine
Car tout au bout du d’ssus
On était plutôt bien pourvus
Car la petite Renée aidée par son Roger
Tenait l’café du Terminus
Alors comme des baltringues
On s’enfile d’la vodka
Des amer-picon , du rhum coca
On descend au Sympa chez Huguette et Jacky
Boire des demi-citron , du pastaga
Mais nous si on restait
Bien peinards au début
Assis à table pour se faire bien voir
On a pris d’ l’assurance
Même si un peu on tangue
L’aventure est au bout du comptoir mais
Refrain
La bringue,la bringue,la bringue,jusque dans les souv’nirs
Ca fait mal, ça déchire
La bringue ,la bringue , la bringue
On gerbe à en mourir
Dans cette jungle enfumée
Ou la faune trouve ses marques
Il prend ses habitudes
Descend lent’ment les marches
Avec désinvolture
Anonyme, solitaire
Il se prend sa biture
S’enfonce verre après verre
Monsieur le directeur
Est aussi en bordée
Il perd ses valeurs
Et fait tomber ses clés
Il oublie son snobisme
Coince sa martingale
Dans l’mécanisme
D’ son pied d’estale
La tournée des grands ducs
N’a plus de secret pour lui
Car il prend les chemins de traverse
Un p’tit tour en Alsace du côté d’chez l’Bocu
Pour finir le dimanche en beauté
Car tout son petit monde
Il le retrouv’ra le lundi
Bien à l’heure devant la machine
Lui s’pointera vers 10 heures, la cravate de travers
Et l’haleine pas très catholique car
Refrain
La bringue, la bringue la bringue, ça vous laisse des souv’nirs
D’une époque révolue
La bringue, la bringue, la bringue
Tous ces bistrots ont disparus
J’ai joué comme Carmet
Le rôle du pilier de bar
A rebâtir le monde sans outils
Juste avec un bon verre
Entourés de barzingueurs
J’ai oublié le goût d’ la grenadine
Avec de l’expérience
Et toute la théorie
Dont j ‘m’abreuve dans Bière-magazine
J ‘vais finir par l’avoir
Avec mention soiffard
Mon diplôme en bièrologie
Maintenant, c’est coton
Pour garder la pratique
Les vrais cabarets ferment, c’est con
Moins d’ pèze, de liberté, d’esprit démocratique
Et plus de flics pour nous emmerder
Mais moi si je n’ai plus
D’hématome de comptoir
Quand j’ai mal à ma nostalgie
Plus souvent qu’à mon tour
Dès qui a une chope à boire
J ‘m’offre une cure de bièrothérapie car
Refrain
La bringue, la bringue, la bringue, ce n’est pas qu’ un souv’nir
Car encore aujourd’hui
La bringue, la bringue, la bringue
Toujours, elle me poursuit
Alors……………….on se retrouve plus tard ? Peut-être ?
Dans trois bières
Téachel, Le Saulcy – mai 2016