Météo merdique

Les hauts mâts tendent leurs voilures
Le navire fend les flots du temps.
Il tisse à l’infini d’un rythme insaisissable
La trame du filet qui nous tient dans ses rets.
Impossible à dompter, à freiner, à retenir .
La folie des hommes soumis a des règles.
Elle a la force d’un rouleau compresseur .

Marée noire immuable.
De vieux gréements s’orientent vers d’insoupçonnés finistères.
De jeunes rafiots s’insurgent en torrent d’ivresse .
Qu’importe ! La vie file et coule dans nos veines brassant
nonchalamment incertitude du lendemain et nostalgie d’hier.

Dans ce contexte boréal où même un ministre mirliton
Ose parler de tendresse pour mieux noyer le gogo,
Vous élisez vos bourreaux télégéniques dans la torpeur de la tromperie et de l’hypocrisie.
Et vous passez à la trappe pseudo-démocratique.
Au pied du phare, invincibles éclaireurs de mes phasmes intérieurs, à l’heure d’affronter les brisants, frères du rail, gardiens de la côte, j’espère que vos dates rebelles seront aussi sucrées que le fruit défendu qu’il ne faudra point s’interdire de goûter avant que l’ultime déferlante ne nous tsunamise.

Que vos météos marines soient des chansons d’amour !

La mer me fascine, capricieuse et rebelle .
Je la sais déchaînée, terrible et dangereuse.
Tout comme l’avenir je ne sais rien d’elle
Je le sens compromis, incertain et vengeur .
Dans ce bleu d’outremer ridé par l’alizé
Quelques vagues éphémères viennent s’échoir sur l’estran .
Ces horizons d’espérance que nous avons peine à regarder
en face ne nous font même plus peur à cause d’autres terreurs
entretenues et médiatisées.
Il faut mettre un terme à la course des « grands esprits » .
Ces hommes corrompus en nombre croissant n’ont que le pouvoir illusoire que l’on veut bien leur accorder.
Les intellos complices de l’ordre établi, les prédateurs pervers assoiffés de pognon et de sang , c’est devenu l’affaire la plus ingrate des peuples de la terre : la sacro-sainte rentabilité.
Il existe depuis toujours une fabrique qui produit un modèle inoxydable: c’est la fabrique des cons et vous leur laissez la barre .
Le temps se gâte, et justement, la partie est mal barrée.

Plus dure sera la suite, le grain monte, le retour sera violent !

Cargo ingouvernable dans le rail d’Ouessant
Coquille de noix fragile, frêle esquif
L’humanité dérive en ces jours de gros temps
Inéluctablement drossée sur les récifs .
A son bord des milliards de moutons asservis
Prisonniers cathodiques, esclaves conditionnés
Cobayes résignés bien dociles et soumis.
Dans ce vaisseau lourd chargé d’incertitudes
Les énarques sourds, aveugles, incompétents
Nous embarquent vers de sombres latitudes
Dans un chaos apocalyptique vers le néant .
A la barre, des capitaines de pédalo
Battant pavillon de déplaisance
Joueurs de poker et de sextant
Psychopathes du mensonge
Corsaires mégalomaniaques
Pirates de l’embrouille
Flibustiers de la magouille
Gabelous de la finance
Trafiquants d’âmes

Mais la météo est merdique et le bosco s’est planté !

Patiente, bien planquée dans la rade
Bercée par le jusant
La bête nucléaire dissuade
Et nargue Vauban.
Elle attend l’heure, la délivrance
Pour passer sous le pont d’Iroise
Et s’en aller rejoindre la Manche.
A Bruxelles, les politicards
Cherchent son mode d’emploi .
Dans la cale, tels des moutons
Vous hurlez comme des loups
Mais Panurge s’en tape !

Téachel ( 2010)
Note de l’auteur : l’idée de la seconde partie du texte m’est venue lors d’une randonnée sur le sentier des gabelous au-dessus de la rade de Brest.

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