Men Ruz, battu par l’océan
Ancré dans la tempête
Par les jours de gros temps.
Men Ruz, usé par le grain
Solide sur son séant
Cerné par les embruns
Alors que le ressac érode son pied de roc
Perpétuelle sape qui élime son socle
Tout comme le colosse il encaisse les chocs
Quand la mer somatise, davantage elle cogne
Men Ruz, cet endroit incongru
Un joli sucre d’orge
Tout de rose vêtu
Men Ruz, un phallus imposant
Sur fond bleu d’outremer
Des géants intrigants
Ces voisins de rivage et leurs gueules de granit
Effraient le paysage d’un pêle-mêle insolite
Sculptures improbables, profils fantomatiques
Quand la mer improvise, elle crée du fantastique
Men Ruz, un cyclope arrogant
Un feu rouge insolent
Perdu dans le néant.
Men Ruz, à l’horizon troublant
Un signal rassurant
Dans le brouillard givrant
Son œil automatique clignotant sans relâche
Précisément indique où se situe la passe
Pour rentrer à bon port lorsqu’on sent la menace
Quand la mer traumatise, elle complique la tâche
Men Ruz, tout habillé de brume
Veilleur impénitent
Dans un écrin d’écume
Men Ruz, sentinelle salutaire
Impérial, vigilant
Ange-gardien solitaire
Il veille sur les marins comme un père sur ses fils
Le pêcheur attardé par un dernier filet
Le plaisancier transi qui cherche la balise
Quand la mer verbalise l’erreur que l’on commet
Men Ruz, un menhir orgueilleux
Contre vents et marées
Un décor somptueux
Men Ruz , Porz Kamor , Ar Skewell
Roc Worm, Castel Braz
Une vision irréelle
Sur la côte, ça bretonne plus que dans les terres basses
Les noms dans le Trégor claquent comme une lame
Trébeurden, Ploumanac’h, Trégastel et j’en passe
Quand l’Armor poétise, il met des vagues à l’âme
Alors l’esprit chavire
On croit voir l’albatros
Mais c’est un goéland
Il file vers Perros………………….direct !
Téachel (Lannion, octobre 2012)