Ma limousine

Vingt ans à bosser à l’usine
Pour m’offrir une Takamine
J’ose pas imaginer le temps
Qu’il fallût que je trime
Pour me payer une limousine

D’abord, j’ n’en ai pas besoin
Ce serait juste bon pour la frime
Pour garer un tel engin
Il faut quinze places de parking
Je prends le train avec bonheur
Je ne roule jamais en ville
Il me faudrait un chauffeur
Avec casquette et tout le bin’s

Vingt ans à bosser à l’usine
Pour m’offrir une Takamine
J’ose pas imaginer le temps
Qu’il fallût que je trime
Pour me payer une limousine

D’ailleurs, ça ne sert rien
Pourquoi faire une telle machine
Moi, je préfère un vrai bourrin
Qui marche au foin et qu’on câline
Un vieux Massey-Fergusson
Mais faut y mettre la gazoline
Un Solex qui cartonne
Avec de l’éther dans la benzine

Vingt ans à bosser à l’usine
Pour m’offrir une Takamine
J’ose pas imaginer le temps
Qu’il fallût que je trime
Pour me payer une limousine

Je n’ai pas envie d’un road trip
Sur la mythique soixante six
Dans une Dodge magnifique
Une Cadillac ou une Hotchkiss
Perso, je penche pour l’ animal
C’est attachant et silencieux
Sur une carriole, c’est idéal
Pour monter la route de la Meuh

C’est vrai, j’ai trimé à l’usine
J’ n’ai toujours pas de Takamine
Et pas non plus de limousine
Avec des roues et un volant, mais
J’ai adopté Capucine
Une bête à cornes, une bovine
Une débonnaire, une rouquine
Une bestiole qui rumine
Une laitière sauvagine
Bref !
Une limousine pure origine!

C’est comment qu’on freine !
Eh! Capucine ! Douc’ment ! Eh!Oh!

Meuhhhhh !!

(Téachel – novembre 2020)