Lettre à homme soi-disant important

Souffrez que je vous envoie
Le fruit de ma prose
Pardon de ma poésie.
Si toutes fois vous daignez
Y porter un quelconque intérêt
Vous pourrez en faire une copie.
Cela vous fera de la lecture
Quand vous irez vous s’asseoir
Sur votre cabinet d’aisance.
Si d’aventure cela ne vous inspire pas
Ou  si vous en faîtes simplement le survol
Comme à votre habitude
Voire pire, si cela vous empêche
De vous défaire de votre étron
Vous pourrez vous en servir
En la froissant un peu
Pour nettoyer l’alter ego bronzé
De votre œil diagonal.
Ce papier est un peu rêche attention
Vous risquez de vous griffer le fion.

Ne montrez pas cette lettre à n’importe qui
Surtout pas à vos femmes, enfin je veux dire à la vôtre
Car je suppose que vous n’en n’avez qu’une
Enfin je l’espère surtout pour elle.
J’aurais honte car là je donne dans la grivoiserie
Et comme je n’en suis pas coutumier, cela me gêne
De vous interpeller ainsi le pantalon sur les chevilles
Et par la même de vous imaginer aussi
Dans cette humble posture et dans votre plus simple appareil.
Je parle de l’occasion car cela en est une
De vous voir ainsi avec de la merde sur les doigts
Parce que ce papier dont vous vouliez vous débarrasser
Non  approprié pour ce genre de tâche
A malencontreusement glissé justement
Au moment où j’entrais dans votre intimité
Malgré la porte que vous aviez précautionneusement verrouillée.
Je dois reconnaître que c’est une forme d’ingérence
Que de vous dévoiler à cet instant précis
Où vous êtes surpris en flagrant délit d’humiliation  la plus totale.

J’ose espérer que vous n’en voudrez pas trop
A mon naturel plutôt revanchard
Et à l’opiniâtreté particulièrement tenace
Que j’emploie pour vous dénigrer
Et au mépris que j’exerce à votre endroit.
Je parle bien sûr de votre personne toute entière
Et si vous avez crû un instant que je parlais d’autre chose
Je veux dire de ce que vous avez entre les jambes
Et qui vous sert entre autres de virilité
Je vous dois des excuses car il ne s’agissait pas pour moi
De faire l’éloge d’un tel apparat d’autant qu’il ne le mérite guère
Vu la petitesse de l’objet dont il n’était justement pas question.

Pour finir, car il faut bien le faire et quand à le faire
Le faire bien de préférence, il faudrait en conclure
Je veux dire une fois de plus en finir et non pas
En tirer des conclusions qui risqueraient d’être
Comme trop souvent plutôt hâtives et pas très objectives.
Je ne parle pas  là non plus de ce fameux objet
Si tant est qu’on puisse dire  dont on parlait plus haut.
Force est de constater qu’on en parlait quand  même.
Mais oublions cela et surtout n’en parlons plus.

Certes, je me suis permis d’évoquer votre rosette en introduction
Ne voyez pas là, de ma part,  par ce préalable
Toute idée de fantasme ou forme de convoitise.
Il faut parler de l’autre, pas celle de Champollion
Mais de celle qui trône au revers de votre veston
Que votre main effleure souvent dans un geste machinal
Lorsque celle-ci remonte sur votre poitrine
Et caresse avec délectation ce petit ruban rouge
Que la société capitaliste a épinglé en récompense
De services dont j’allais dire selon l’expression tellement consacrée
Qu’elle en est vraiment conne, qu’ils sont bons et loyaux.
Le sont-ils vraiment d’ailleurs au point d’empourprer votre visage
Lorsque vous y songer quand celui-ci réagit de la même façon
Mais pour d’autres raisons à mes propos quelque peu scatologiques.
Il existe des sujets qui prêtent très vite à érection
Pour des individus de votre acabit qui ont tendance à oublier
Comme le rappelle à juste raison un certain, qu’elle ne se commande pas.
Permettez que je m’interroge et que j’en doute.
Quand on a fait des pieds et des mains pour trouver le quidam
Qui justement passe commande à votre place  de la divine distinction
On peut douter également que celle-ci n’ai pas été souhaitée
Afin  de déclencher ce type de manifestation provoquant
La permanence tant désirée de l’orgasme que l’on connaît
Dès lors d’une apparition publique et remarquée.
Cela s’appelle l’honneur et son cortège de subordonnés ; patriotisme
Et autres subalternes que sont égoïsme, individualisme et mode de reconnaissance sociale.
En bref, beaucoup plus simplement, c’est écraser la gueule des autres !
Pour vous ce sont certainement des propos abscons
Et je m’abstiens de poursuivre.

Pour prendre congé et pour trouver le dénouement, sachez qu’au départ
De ces lignes, je ne voulais pas forcément vous faire offense
Mais voyez, j’avais raison en parlant d’une certaine soit -disanse
De douter de l’importance que l’on vous accorde
Et surtout que vous vous octroyez.

N’oubliez pas que vous êtes constitué
Comme le commun de tous les mortels
De quatre vingt quinze pour cent d’eau
Et tout le reste, c’est de la merde !

Téachel  (décembre 2012)

retour à la liste des chansons


retour à la liste des chansons