Ouessant

Passage du Fromveur
Debout sur Men Tensel
Kéréon le frimeur
Palace de l’archipel
Mosaiques, lambris de chêne
Parquets et rose des vents
Marqueteries d’acajou, d’ébène
Dernier phare – monument

Au nord vers Cadoran
L’oeil rouge alternatif
Du fanal de Vauban
Inonde la baie du Stiff .
Noyée dans la grisaille
Sa compagne de veille
La tour surplombe le rail
Que le radar surveille

Le ciel s’azure, taquine
Et trompe le paysage
L’île se déguise, badine
Et change de visage
La côte patiente, marine
Et l’estran se languit
L’onde s’apaise, lambine
Et fait un clapotis

A la pointe de Pern
Ponant de l’Armorique
Où le regard se perd
Aux confins des Amériques
Par l’énorme lanterne
Les feux de Nividic
Scintillent comme des perles
Lucioles automatiques

Les courants de l’Iroise
Si chère à Caradec
Irisent leur turquoise
Sur le roc Ar Gazec
A l’entrée de la Manche
Caracole la Jument
Trois éclats rouges dansent
Dans le brouillard naissant

Le vent s’énerve, bouscule
Et claquent les pennons
Le port s’agite, ondule
Et couinent les pontons
Un rafiot tangue, bascule
Et son amarre se tend
Les mâts s’animent, pendulent
Et tintent les haubans

La robe du Créac’h
Bardée de noir et blanc
Sur le roc se détache
Et signale les brisants
Au large ,ce zèbre envoie
Deux longs faisceaux puissants
Qui dans la nuit tournoient
Métronome envoûtant

Le gros temps persévère
C’est l’enfer des enfers
De gros paquets de mer
Pilonnent les amers
Quand l’océan furieux
Mord le pied de l’accore
L’horizon cotonneux
Masque les sémaphores

Le grain s’entête, forçit
Et gronde le ressac
Le flot s’irrite, rugit
Et met la grève en vrac
L’écume jaillit, s’étoile
Et la houle s’affale
Ouessant se livre, dévoile
La vraie carte postale

Et sombre dans la tempête

Téachel, Ouessant, juillet 2014/janvier 2017

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