Il y a foule , aujourd’hui
C’est jour de marché
Au bistrot du pays
Ils se sont entassés
Clients et camelots
Viennent s’y réchauffer
Dehors , dans les cageots
Les légumes sont gelés
A la ville descendues
Pour faire leurs emplettes
Les mamies sont venues
Aussi pour la causette
Se prendre l’apéro
A la bonne franquette
Faire le tour des ragots
En lisant la gazette
Petit bui-bui infâme
Dernier bistrot d’campagne
Troquet d’luxe pour fachistes
Bar de nuit hors de prix
Brasserie artisanale
Café du coin tranquille
Faux pub un peu merdique
Caf’conc exentrique
Sont autant de carr’fours
Sans flics ni feux rouges
Ou se croisent sans se voir
Toutes sortes de mecs
Qui pour x raison
Ont besoin de poser
Leur cul devant un verre
Pour se déconnecter
Refrain
Il est des instants dans un bar
Ou momentanément , il n’y a
Plus de différences , plus de classes
C’est la démocratie du comptoir
Les gros buveurs de bière
Ont en fin de soirée
L’habitude de refaire
Le monde à satiété
Pendant de longues heures
Avec n’importe qui
Un type venu d’ailleurs
Ou bien un gars d’ici
Parler pour ne rien dire
S’emporter même un brin
Partir dans un fou rire
Ou faire le coup de poing
Boire et reboire encore
A perdre la raison
Sans soif ni remords
Et sans modération
Exaltation virile
Mêlée autour du zinc
Animation fébrile
Et discussion sans fin
Conversation futile
Ambiance surchauffée
Déconne et baratin
Jean-Pierre , c’est ma tournée
Bordel , un peu d’ivresse
Faut bien s’vider la tête
Dans ce monde sans tendresse
C’est bien d’partir en quête
Certes , remettre une averse
Mais éviter l’naufrage
Car demain la casquette
S’ra plomber sur ton crâne
Refrain
Il est des instants dans un bar
Ou momentanément , il n’y a
Plus de différences , plus de classes
C’est la démocratie du comptoir
Putain qu’les temps sont durs
On peut plus s’boire une bière
C’est pas une sinécure
Il faut compter ses verres
Car si tu dois souffler
Tout à l’heure au rond-point
La flicaille embusquée
Va t’faire sauter les points
Ribouldingue, patachon
Java et compagnie
Contrôles, interdictions
Ne sont pas des amis
Là, on peut dire qu’on trinque
Qu’on dérouille , qu’on déguste
Aujourd’hui faire la bringue
C’est comme la roulette russe
Seuls au coin du zinc
A la dérive dans un rade
Y en a des qui s’dézinguent
Des qui s’laminent et partent en rade
Il s’bousillent , ils s’déglinguent
S’accrochent au bastingage
Noyés dans le bastringue
Ils larguent les amarres
C’est fini l’aventure
Il va falloir ruser
Et faire comme d’habitude
Pour éviter l’poulet
Après la déferlante
Je suis un peu chargé
Allez , c’est la partante
Cette fois , je vais rentrer
Refrain
Il est des instants dans un bar
Ou momentanément , il n’y a
Plus de différences , plus de classes
C’est la démocratie du comptoir
Téachel (Clouange , Gaugins’bar 1999 )